La Crise vue par les Recruteurs
" Notre stratégie est d'éviter de sur-réagir "
Nathanaël Cornet-Philippe, président de PRESTOSID, est diplômé des Sciences Politiques.
Après un cursus dans diverses sociétés chimiques, il devient Directeur Général, jusqu'en 2005 de la division chimique d'une grande société. Depuis 2006, il est à la tête de PRESTOSID, entreprise spécialisée dans la démolition et le désamiantage.
Nathanaël Cornet-Philippe nous livre son témoignage sur l'année 2009.
" Nous sommes actuellement en période de crise, c'est un fait. Mais la question porte plutôt sur combien de temps durera-t-elle ?
Pour moi, il est difficile de donner mon avis sur ce qui peut nous attendre en 2009, car je n'ai aucune visibilité, même s'il faut avouer que notre marché est porteur. Tout dépendra de la durée de cette crise, si elle ne dure que 3 à 6 mois, on ressentira une légère baisse de l'activité, mais rien de dramatique.
Par contre, si cette crise dure plus longtemps, cela va commencer à devenir très critique. Ainsi, selon moi, l'année 2009 sera forcément moins bonne que les 2 dernières années, mais je ne pense pas qu'elle soit catastrophique.
D'après moi, nous rentrons plutôt dans une crise de confiance, plus que financière, puisque beaucoup de projets se retrouve repousser à cause du climat d'inquiétude dans lequel nous nous trouvons.
De mon point de vue, la crise à tout d'abord touché le secteur industriel, car depuis septembre 2008, des projets ont été annulés ou différés.
En ce qui concerne la démolition, nous avons peu de visibilité sur le début des travaux car les projets ont été décalés. Par contre, pour le domaine du désamiantage, l'activité reste la même.
2009 ne sera pas synonyme pour nous de changements managériaux.
En effet, notre entreprise n'emploie que très peu d'intérimaires puisque dans le milieu de la chimie, cela est interdit. Nous employons donc des salariés essentiellement en CDI.
En ce qui concerne les recrutements, nous allons sans doute être plus sélectifs au moment du choix des futurs collaborateurs car ayant une activité légèrement moins importante, nous pouvons nous permettre d'être plus exigeants sur les profils que nous recrutons.
Nous n'avons pas de plan de licenciement pour cette année ; cependant, notre préoccupation, sera de savoir comment nous allons procéder pour conserver nos compétences spécifiques, au sein de notre entreprise. Effectivement, c'est l'une des valeurs principales et leur acquisition a été longue et couteuse à l'entreprise, il s'agit d'un véritable capital humain.
Bien qu'il soit vrai qu'il y ait quelques collaborateurs inquiets par rapport à cette conjoncture difficile, le climat social au sein de PRESTOSID est plutôt bon.
Notre stratégie est d'éviter de sur-réagir.
J'entends par sur-réagir le fait de prendre des mesures trop rapides par rapport à la crise, comme le licenciement par exemple ou encore la restructuration.
Pour le moment, nous mettons en place des mesures qui impliquent une sensibilisation de nos collaborateurs sur les dépenses, ainsi tout le monde sait que les budgets sont serrés et qu'il est nécessaire que chacun se sente concerné et fasse attention.
Cette sensibilisation se fait à travers un dialogue permanent, mais également à travers des réunions des Comités d'entreprise des agences tous les mois et d'une lettre interne qui a pour but de prévenir les salariés de la situation.
Nous sommes dans une optique de totale transparence vis-à-vis d'eux et de la situation actuelle.
En juin 2008, nous avons fait l'acquisition de 2 nouvelles agences, contenant près de 20 personnes, afin de développer notre activité en interne.
Cependant, cette acquisition a entrainé une certaine inquiétude de la part de nos collaborateurs, qui ne comprenaient pas ce besoin de se développer. Nous avons alors misé sur plus de dialogue et de communication avec eux, en particulier avec les chefs de chantiers qui semblaient les plus réticents à ces projets, et maintenant, ils rentrent de plus en plus dans la démarche, la comprenne et la trouve cohérente.
Notre ambition est d'être une pme qui travaille comme les plus grands groupes, nous avons une culture métiers qui nous pousse à faire aussi bien que les autres. Ainsi, vis-à-vis de nos collaborateurs, nous faisons passer un message qui est notre envie de s'étendre, en multipliant les activités, en mettant l'accent sur le fait qu'une activité peut soutenir l'autre lorsque l'une d'entres elles subit une baisse de régime.
C'est pour cela qu'au sein de nos nouvelles agences, nous créons des passerelles entre nos 2 activités, en fournissant un ingénieur à PRESTOSID Environnement qui vient de PRESTOSID Industries par exemple.
Pour le moment, une activité renforce l'autre en termes d'apport en compétences.
Pour ce qui concerne notre organisation pour 2009, nous avons décidé de suivre la même démarche que d'habitude.
Seulement, la situation de crise et des opportunités font que certains projets, planifiés sur un plus long terme, vont finalement commencer plus rapidement. En effet, puisqu'en interne, l'activité baisse légèrement, nous avons décidé de la maintenir grâce à un élargissement.
De ce fait, nous avons recruté 2 chargés d'affaires, qui devraient nous rapporter un retour sur investissement. L'élargissement se fera grâce au développement d'une filiale au Luxembourg.
Il est vrai que ces projets étaient programmés, mais comme selon moi, cette période, bien que tendue, ne doit pas annuler toutes les perspectives de développement et fermer la porte aux opportunités telles que le recrutement de collaborateurs aux compétences rares et à d'excellents niveaux de formations spécifiques.
Ainsi, cette année, nous ferons nos premiers pas sur le marché de l'export, qui jusqu'à présent n'était pas pour nous prioritaire.
Pour moi, il ne faudra surtout pas se replier en 2009 car toute place perdue sera difficile à reconquérir mais au contraire prendre les positions abandonnées de certaines entreprises, tout en gardant un oeil sur nos tableaux de bord économiques. "