La Crise vue par les Recruteurs
" Profitons-en pour être innovant et revoir notre stratégie commerciale, adapter nos ressources au marché et se diversifier "
Corine Mermier, est dirigeante du cabinet de recrutement Orfé Conseil, cabinet qui existe depuis plus de 15 ans. Orfé conseil est spécialisé dans le conseil en ressources humaines, en offrant des possibilités d'orientation, de recrutement, de formation et d'évaluation.
Corinne Mermier nous fait partager sa vision sur la crise et l'année 2009.
" En 16 ans d'existence, nous avons traversé des crises plus ou moins importantes, la crise financière actuelle aura des conséquences considérables.
Nous commençons à le constater dans notre région avec de nombreux plans sociaux et du chômage technique qui se mettent en place. Les carnets de commandes ne se remplissent pas, il faut donc que l'entreprise s'adapte pour passer le creux de la vague.
L'année 2009 ne nous apparaît pas comme une année riche en activité, mais, selon moi, la période à redouter le plus est l'année 2010 car c'est durant cette année-là que nous subiront toutes les conséquences de la baisse d'activité.
En effet, pour le secteur du BTP, surtout pour les entreprises de production comme par exemple les menuiseries, les carnets de commandes sont pleins jusqu'à la fin de l'année 2009, puisque les contrats ont été décrochés l'année dernière.
Etant donné que les carnets de commande se remplissent d'une année sur l'autre, il est logique de penser que l'année 2010 sera plus difficile. 2009 est vouée à être une année transitoire, elle fera le lien entre une année d'attentisme et une autre qui risque d'être très compliquée.
A mon avis, la relance se verra en 2011.
Pour le moment, ceux qui ressentent le plus la crise sont les petits artisans. En effet, puisque leur travail se fait directement avec les particuliers, et que ces derniers dépensent moins, les artisans observent une baisse de leur activité et se voient obligés de se séparer de leur personnel puisqu'ils n'ont pas suffisamment de contrats.
Par contre, les sociétés importantes se retrouvent à gérer des projets importants, avec des gros budgets, dans ce cas, leur problématique est moins critique pour cette année.
En ce début d'année 2009, nous sentons un ralentissement de l'activité et donc du recrutement. Par exemple, je devais travailler sur 20 recrutements pour le début de l'année, or je n'en ai finalement que 2 à réaliser, et uniquement pour des remplacements.
On observe une réduction très importante de la demande de main d'oeuvre en intérim, or nous savons pertinemment que cela entrainera une baisse des propositions de CDI. Le secteur qui en souffre le plus est celui qui concerne tous les postes administratifs.
Si les entreprises ont besoin de recruter, elles vont plutôt privilégier les postes de commerciaux afin que ces derniers puissent décrocher des contrats et ainsi pallier la perte de dynamisme de l'entreprise.
Je pense donc que l'activité dans le BTP est, cette année, en baisse, les clients souhaitent être prudents et attendent.
En effet, la plupart des décisions sont prises en différé, elles demandent plus de temps pour aboutir. En ce moment, la plupart des entreprises attentent de voir si la conjoncture économique se montrera plus favorable et ainsi repoussent leurs décisions pour la fin du 1er trimestre, voire le milieu de l'année.
Les entrepreneurs, ayant l'habitude de planifier leurs marchés et leurs contrats plusieurs mois à l'avance grâce à une visibilité sur l'année, sont obligés maintenant de travailler presque au jour le jour.
Chez Orfé conseil, nous avons dû revoir notre organisation et nos priorités pour appréhender au mieux l'année 2009.
Maintenant nous devons miser sur nos réseaux et être très actifs auprès d'eux. En 2007-2008, notre cabinet effectuait de nombreux recrutements, en plus de ses activités annexes ; aujourd'hui, nous sommes obligés de nous repositionner sur de l'accompagnement, des cellules de reclassement, et de développer les activités connexes comme les formations. D
epuis 16 ans, je travaillais toujours avec une grande visibilité sur mes activités, maintenant, elle est quasi nulle, j'ai 3 mois d'avance, et après...
De plus, j'ai dû revoir mon effectif à la baisse.
Afin de gérer cette période délicate avec mes collaborateurs, nous organisons des réunions régulières pour se mettre au courant rapidement de ce qui peut se passer, nous sommes très réactifs.
Même si mes collaborateurs sont inquiets, ils savent que nous devons aller de l'avant, que nous devons nous battre pour continuer notre activité et surtout que nous ne baisseront pas les bras, malgré ces temps difficiles.
Selon moi, il faut profiter de cette période de crise pour accentuer la mise en place de formations. En effet, autant profiter de ces moments de creux pour utiliser les budgets formations pour ses collaborateurs afin d'accroître leurs compétences et ainsi les garder.
C'est en misant sur ces formations que les entreprises vont pouvoir garder leurs collaborateurs, puisque, pour moi, les travailleurs qui se retrouveront sans emploi en chercheront un autre, quitte à se spécialiser dans un autre domaine. En conséquence, lors de la relance en 2011, nous serons en pénurie de main d'oeuvre, car elle aura changé de secteur. La formation permet, selon moi, de préparer dès maintenant la relance de l'activité dans 2 ans.
Alors, comme toutes les entreprises, 2009 est synonyme de baisse de l'activité, même si cette baisse se ressentira sans doute plus fortement en 2010.
Mon entreprise, comme tant d'autres, doit faire attention à ses dépenses, disposant d'un budget très serré pour commencer cette année, il faut jongler avec la trésorerie.
Profitons-en pour être innovant et revoir notre stratégie commerciale, adapter nos ressources au marché et se diversifier. "