Paroles de Recruteurs
" Faut-il plus de femmes dans le BTP ? "
Après des études commerciales, Nadine Ferri, a été professeur d'Economie Générale et d'Economie des Entreprises. Puis, elle a exercé pendant 10 ans en tant que sténotypiste de conférences, métier consistant à retranscrire les conférences sur un support papier.
Cette femme de 46 ans est maintenant directrice générale de ECMAT LOC - Rhône Alpes, depuis 2002, société spécialisée dans les coffrages en bois et en métal.
Nadine Ferri nous parle, pour " La lettre du recruteur BTP " du thème :
" Faut-il plus de femmes dans le BTP ? "
Des femmes dans le BTP ? .... Quelle ineptie !!
Les femmes n'ont rien à faire dans ce domaine ; construire, c'est un métier d'hommes !
Beaucoup trop dur pour le sexe faible de travailler avec tous ces hommes rudes et bruts de décoffrage.
Ces remarques avaient encore cours il y a quelques années.
Puis, petit à petit, le nombre de femmes salariées du BTP a augmenté, en particulier dans l'encadrement. Ces femmes ont obtenu des résultats probants et occupent souvent des postes très importants. Ceci fait qu'on peut aujourd'hui légitimement se demander " Faut-il plus de femmes dans le BTP ? "
Le monde du bâtiment est rythmé par des rapports de force permanents entre les différents acteurs que sont donneurs d'ordre, entrepreneurs et fournisseurs.
L'arrivée de femmes autour de la table des négociations a permis de dépassionner les débats et de rendre les relations plus rationnelles et respectueuses.
Les femmes ont apporté leur sensibilité et leur qualité naturelle d'écoute dans les nombreuses réunions. Ce n'est plus celui qui parle le plus fort qui a raison. Ceci a eu pour effet d'améliorer nettement l'efficacité de la communication.
Un chantier, c'est une grande maison avec de nombreuses tâches simultanées à gérer et un " contre la montre " permanent.
Les femmes, historiquement habituées à jongler entre plusieurs fonctions successives et à rythmer la vie de la maisonnée entre les différents impératifs d'horaire se sentent naturellement à l'aise dans la gymnastique des plannings.
Elles ont une capacité naturelle à hiérarchiser les tâches par ordre d'urgence et d'importance. Ce savoir-faire leur permet de ne pas se noyer dans les tâches subalternes et d'aller à l'essentiel. Il en va de même pour la gestion des budgets.
Un bâtiment, c'est souvent une somme de petits détails qui conditionnent la réussite de l'opération.
La sensibilité féminine est là encore particulièrement efficace. Elles vont mettre en avant des sujets dont une majorité d'hommes n'auraient pas perçu l'importance.
Cependant, il faut être réaliste, le travail sur les chantiers n'est pas adapté aux femmes.
Les conditions de travail sont difficiles et le travail physique souvent pénible. Les conditions d'hygiène sont souvent à la limite du supportable.
Il n'est pas toujours possible d'installer des locaux (sanitaires, vestiaires...) réservés aux femmes à cause de l'exiguïté de certaines opérations.
Ceci limite la progression du nombre de femmes " ouvriers du bâtiment ".
Les mentalités aussi sont longues à changer.
La pyramide des âges du bâtiment est très déséquilibrée. Les jeunes femmes arrivant dans le bâtiment vont avoir du mal à s'affirmer en face de quinquagénaires machos.
Il faudra encore de nombreuses années pour qu'une femme sur un chantier soit regardée d'abord pour ses compétences et non pour son apparence.
En conclusion, les femmes ont beaucoup à apporter au monde du BTP.
Toutefois, celui-ci a besoin de se moderniser pour devenir plus attractif pour les salarié(e)s. L'arrivée plus nombreuse de femmes devrait permettre d'accélérer ce processus. D'autant plus qu'avec les difficultés listées ci-dessus, les femmes qui viennent travailler dans ce domaine sont en général déterminées et ont un caractère affirmé.
Il faut cependant rester conscients de la différence et employer les femmes à des tâches physiques qui leur sont adaptées.
Vouloir une parité absolue dans tous les types de métiers du bâtiment serait une erreur.