Paroles de Recruteur
" Les effets positifs de la crise sur le secteur BTP "
Avec un diplôme d'Ingénierie du bâtiment et un DESS CAAE (Certificat d'Aptitude à l'Administration des Entreprises) effectué à l'IAE de Nice, Christophe Bousquet est Président Directeur Général du Groupe COPLAN.
Il intègre le Bureau d'Etudes du groupe COPLAN en 1999 en tant que pilote de chantier, puis ne cesse d'évoluer au sein de cette société jusqu'à en devenir le PDG en mai 2004.
Le Groupe COPLAN est une société d'ingénierie dans le domaine du bâtiment, de l'environnement et des infrastructures, intervenant en France et à l'étranger, elle est composée de 500 collaborateurs.
La conjoncture actuelle amène Christophe Bousquet à analyser la crise et à en sortir des effets positifs.
Christophe Bousquet répond à nos questions pour " La lettre du recruteur BTP " sur le thème : " Les effets positifs de la crise sur le secteur BTP "
Pour votre entreprise, quels sont les bienfaits de cette crise ?
Je ne sais pas si une crise peut apporter des bienfaits. En tout état de cause, tout dépend de quel côté nous nous situons ? En chinois, le terme crise s'écrit avec 2 idéogrammes. Le premier voulant dire " danger ", le deuxième signifiant " opportunité ".
A nous de savoir si nous restons immobilisés par la peur, ou si au contraire, nous saisissons cette crise pour améliorer à la fois notre organisation, nos méthodes de fonctionnement, renforcer nos compétences et resserrer les rangs de l'ensemble de nos équipes.
C'est bien évidemment le deuxième choix que nous avons fait, et même si cela est difficile, il faut encore plus communiquer, être proches des collaborateurs, mais également proches de nos clients et créer une dynamique commerciale forte.
Ressentez vous la crise au niveau de votre activité ?
La crise a un impact certain sur notre activité.
Aujourd'hui, plus de 40 % de notre carnet de commandes est gelé ou décalé. Les missions sont arrêtées soit faute de financement, soit faute de décision, ce qui a un impact direct sur la production de chacune de nos structures.
Il faut donc être encore plus présents commercialement pour compléter les décalages éventuels d'affaires et rassurer les collaborateurs en interne.
Nous balayons aussi tous les scénarios possibles en cas de crise aggravée pour conserver un niveau de charge suffisant.
Pensez vous que les difficultés du monde de la finance vont drainer des bras et des têtes au secteur du BTP ?
Au niveau des recrutements, pendant longtemps, les secteurs du bâtiment ont critiqué le fait que les ingénieurs partaient dans la finance. Je ne suis pas sûr qu'avec les difficultés du monde de la finance de nouveaux ingénieurs vont revenir vers le domaine du bâtiment, qui lui-même pour l'instant est également touché.
Il est vrai que les différences de salaires sont telles que la fiance fera toujours rêver par rapport à l'activité de terrain.
En tout état de cause, nous aurons certainement des retombées, puisque les débouchés dans le domaine de la finance risquent de se tarir quelque peu.
D'après vous, quelles seront les transformations positives du secteur BTP qu'apportera la crise ?
Toute crise permet en général, si elle n'est pas trop brutale, un assainissement du marché. En effet, depuis un certain temps de nombreuses sociétés se sont créées ou développées sur des bases incertaines, en privilégiant la rentabilité et le profit au détriment du service au client.
La crise dans le secteur du BTP va permettre d'assainir la situation telle que cela a commencé pour les agences immobilières. Cependant, Il ne faudrait pas que l'activité soit pénalisante pendant une période trop longue, sans quoi l'ensemble de la filière va être durement touchée.
Aujourd'hui, la crise va permettre de diminuer le coût des matériaux, les prétentions des personnes possédant du foncier et diminuer globalement l'ensemble des coûts. L'avantage est également que pour construire moins cher et pour dépenser moins, les gens s'orientent de plus en plus vers les secteurs de la maîtrise de l'énergie et donc des gestions plus intelligentes et plus économiques de leur bâtiment.
Tout cela permettra l'émergence de compétences nouvelles, plus réfléchies et plus à l'écoute, à la fois des besoins du client, et du marché pour éviter la spéculation, mais également à l'écoute de l'environnement.
Enfin, au niveau du Personnel, l'impact est rapide. Le turn-over diminue et les prétentions ne s'envolent plus comme avant. Il va donc être possible de travailler sur la durée avec les équipes.
Peut-on vous parler de crise dans le secteur de la construction alors que nous sommes pris entre les carnets de commandes de la montée immobilière des années passées, les nouvelles mesures du Grenelle de l'environnement et d'autres réglementations telles que celles imposées aux ascensoristes ?
Il y a en effet une véritable crise dans le secteur de la construction aujourd'hui.
Au niveau de l'ingénierie, nous intervenons en amont sur l'ensemble des projets et même si les carnets de commandes des entreprises sont pour l'instant bien fournis, si nous n'avons pas de dossiers à traiter en conception, il n'y en aura pas de dossiers à traiter en réalisation très prochainement.
Pour l'instant la crise a touché fortement tous les acteurs qui interviennent très tôt et va continuer de toucher l'ensemble des acteurs qui interviennent par la suite, entreprises, artisans, etc.
Les carnets de commandes importants deviennent de plus en plus virtuels, compte tenu des prises de décisions suspendues et des décalages d'opérations. Le Grenelle de l'environnement pour l'instant n'a pas encore porté ses fruits et malgré les 440 milliards d'euros qui devraient être investis d'ici 2020, pour le moment peu de décisions concrètes ont été prises.
En conclusion, il est nécessaire pour nous de renforcer notre positionnement sur le marché de l'ingénierie commercialement, de former nos collaborateurs pour qu'ils soient meilleurs et plus efficaces, lorsque la crise passera.