Paroles de Recruteur
" Sommes-nous les seuls maitres de notre carrière "
Après un doctorat en Sciences Politiques, Marc Pagezy démarre sa carrière en tant qu'Inspecteur des Impôts. Après plusieurs postes de directeur général pour des sociétés comme Progress, Korn-Ferry International ou encore Eurosearch Consultants International, Marc Pagezy a su jusqu'à maintenant maîtriser l'évolution de sa carrière.
Il est actuellement spécialisé dans les services financiers, les services aux entreprises, les entreprises sous LBP et les missions de diagnostic de management au sein du cabinet Eurosearch & Associés dont il est le Président Directeur Général.
Marc Pagezy répond à nos questions pour " La lettre du recruteur BTP " sur le thème : " Sommes-nous les seuls maitres de notre carrière "
D'après vous, sommes-nous les seuls maîtres, les seuls décisionnaires de notre carrière ?
Ma ligne de conduite a toujours été : " aide-toi et le ciel t'aidera ". Par cette phrase, j'entends que nous sommes tous responsables de nous-mêmes.
Même si par définition nous sommes influencés et encadrés par l'évolution, les marchés économiques, nous restons responsables de nous-mêmes et de nos actes.
Durant votre carrière avez-vous du saisir certaines opportunités qui vous ont permis d'évoluer professionnellement ?
J'estime que nous sommes tous libres de nos parcours professionnels, mais la clef est d'en saisir les opportunités : mais comment ? Et bien tout simplement en étant prêt à chaque moment à les détecter et à les exploiter.
C'est là que se joue l'évolution professionnelle de chacun !
Vos choix professionnels sont-ils les seuls responsables de votre évolution ? Ou est-elle due à des concours de circonstances que vous n'avez pas pu maitriser ?
Une fois de plus, tout est question d'être au bon endroit, au bon moment.
C'est une disposition innée chez certains, et l'opportunité peut avoir toutes les formes possibles : un marché ascendant, ou par exemple un patron qui vous prend sous son aile et vous tire vers le haut.
Une autre composante importante dans les choix professionnels est son caractère d'échange. Bien souvent on obtient un retour lorsque l'on a préalablement donné. Bien entendu, il ne faut pas négliger les aléas de la vie, mais sans donner, on est presque certain de ne rien recevoir.
En revanche, si l'on donne, avec discernement, avec responsabilité, en sachant fédérer, en étant concerné par son activité et son environnement professionnel, et tout particulièrement ses clients, alors oui, là, on a des chances de recevoir en retour.
L'évolution technologique et les contraintes politiques peuvent-elles décider du choix de la carrière d'un professionnel ?
Oui, les contraintes politiques font partie de l'environnement, et il est essentiel de s'y adapter.
Concernant l'exemple précis du bâtiment, les marchés moyen-orientaux ou internationaux à court terme présentent peu d'opportunités à l'heure actuelle.
L'évolution technologique est également un facteur provoquant des choix de carrière : L'internet accélère la circulation des informations, multiplie les possibilités d'évolution dans tous les secteurs, y compris celui de la construction.
En dehors de ces deux aspects, il y a nécessairement une prise de risque dans les choix de carrière, et c'est bien normal : si on pouvait parfaitement connaître les conséquences de nos décisions, la plupart du temps, on s'abstiendrait d'en faire !
La carrière dépend elle selon vous de la structure familiale personnelle ?
Oui : on ne vit pas longtemps heureux schizophrène !
Selon moi, la réussite est la conséquence d'une harmonie entre la vie professionnelle et la vie familiale. Cette dernière doit nous permettre de nous engager librement dans nos choix professionnels.
Il faut prendre en compte le terreau culturel : si vous avez eu la chance d'avoir une culture internationale et de nombreuses expériences dans votre jeunesse, vous avez à la base de sérieuses chances d'évoluer positivement dans votre carrière et de vous ouvrir de plus en plus sur le monde.
En outre, la stabilité d'une vie de couple conditionne la mobilité d'un cadre, son moral...etc...il y a également les exemples malheureux des aléas de la vie tels que les divorces.
La vie d'entreprise est comme une vie de sportif, elle réclame un engagement, de la force mentale, de la persévérance, mais surtout : de l'harmonie.
Pensez-vous que les femmes ont plus de freins à l'évolution de leur carrière que les hommes ? Pensez-vous que cela sera toujours le cas ?
Aujourd'hui il est manifeste que, au moins pour leur 1ère partie de vie professionnelle, les femmes ne rencontrent pas de frein particulier.
Des contraintes différentes peuvent survenir, comme : la maternité, les enfants, et les charges inégalement réparties dans la maison. Par conséquent les rythmes professionnels peuvent ne pas être les mêmes entre un homme et une femme.
Mais des actions positives d'intégration dans la compétitivité peuvent être entreprises pour les femmes qui veulent une carrière professionnelle. Certes les enfants auront toujours besoin d'une mère, mais l'entreprise peut encore faciliter la vie des femmes grâce à des crèches, à l'enseignement qui accepterait de garder les enfants en études, par exemple.
Faire des enfants est une responsabilité, ce n'est pas une contrainte, mais un choix qui peut être facilité.
A l'heure actuelle il me semble toutefois que certains métiers resteront pour l'instant plus masculins en raison d'une plus grande disponibilité des hommes ; une femme pourra évoluer dans ces métiers, mais au prix de ruptures.
L'harmonie évoquée dans la question précédente relève alors d'une certaine forme de performance.
D'après vous, est-il plus facile aujourd'hui, de piloter sa carrière qu'il y a 20 ans ? Et pensez-vous qu'il sera plus facile de la maitriser dans 20 ans ?
" C'était mieux hier " est une maxime qui n'a jamais vraiment fonctionné.
A époques différentes, évolutions différentes.
Par exemple, aujourd'hui la rémunération des cadres intermédiaires a baissé. Dans ces métiers, on gagne au mieux autant que ses parents, dans un contexte mondialisé, donc plus concurrentiel, plus difficile, requérant plus de compétences, et surtout une très bonne réactivité.
Mais dans un monde qui va plus vite, les opportunités à saisir sont plus nombreuses.
Par exemple, si aujourd'hui, nous voulons travailler en Asie, cela est une option comme une autre, alors qu'il y a 20 ans c'était de l'ordre de la grande aventure.
Les nouvelles technologies comme Internet permettent d'être en contact avec le monde entier 24h/24, ce qui entraine bien sûr une vie plus dense, donc plus fatigante, mais une capacité de mobilité plus importante.