Paroles de Recruteur
" Les professionnels du BTP sont-ils préparés aux évolutions technologiques ? "
Serge Rouvière, 52 ans, est gérant de la société ROUVIERE depuis 1992. Cette société à caractère familiale, puisque Serge Rouvière est associé à son frère et qu'elle existe depuis 4 générations, est spécialiste de la construction et la rénovation de maisons dans le Gard.
Maçon de formation, Serge Rouvière a reçu de nombreux prix tout au long de sa carrière professionnelle, comme la Truelle d'Or du bâtiment en 1985 et plus récemment la Médaille d'Argent des Entrepreneurs et Dirigeants d'Entreprise de l'Académie d'Architecture en 2002.
Actuellement, la société Rouvière concours pour les Trophées Artisan MAG'2008, en catégorie communication et dynamisme commercial. Même si son entreprise est une petite structure de 18 personnes, Serge Rouvière a conscience de l'importance que les nouvelles technologies, dans le secteur du BTP, ont pu prendre aujourd'hui.
" Les professionnels ne sont pas toujours préparés. Il me semble que le retard est important dans notre région au niveau de certaines PME et chez certains artisans alors qu'il est indispensable de prendre en compte ces évolutions technologiques. "
Serge Rouvière répond à nos questions pour " La lettre du recruteur BTP " sur le thème : " Les professionnels du BTP sont-ils préparés aux évolutions technologiques ? "
En quoi aujourd'hui votre entreprise est-elle directement impliquée par cette problématique ?
Pour répondre à une clientèle de plus en plus informée et pointue techniquement.
Les fabricants proposent des produits toujours plus intéressants et performants.
La qualité de nos réalisations sur le plan énergétique, économie d'énergie, domotique, sécurité, traitement des déchets.
Les évolutions technologiques sont-elles selon vous plutôt au service de l'utilisateur final du bâtiment (client) ou au service des constructeurs et de ses salariés (facilité de mise en oeuvre...) ?
L'utilisateur final est gagnant sur la qualité des produits et matériaux, aussi sur la simplicité de mise en oeuvre qui peut lui permettre de réaliser certains ouvrages.
Les salariés bénéficient de meilleures conditions de travail, moins de pénibilité (poids, poussières), par contre la facilité de mise en oeuvre leur est défavorable car les vrais métiers se perdent par manque de qualification.
L'entreprise est plus performante dans la logistique, le gaspillage, le conditionnement, la gestion des chantiers, le besoin de main d'oeuvre plus souple (intérim), le côté négatif étant les coûts élevés de ces matériaux.
A mon avis, il y a un grand paradoxe.
D'une part, la simplification de beaucoup de techniques qui relève ensuite du moyen/bon bricoleur, du fait de l'absence de main d'oeuvre qualifiée car la formation à nos métiers n'est pas adaptée (plus ou peu d'apprentissage).
D'autre part, les techniques tellement sophistiquées que les utilisateurs ne peuvent avoir de polyvalence, d'où une difficulté à retrouver un emploi dans certains cas.
Dans le passé, avez-vous déjà rencontré des personnes, au sein de votre entreprise, qui étaient réfractaires aux évolutions technologiques ?
Au début oui, avec les plus anciens salariés " formés à l'ancienne ", certains avaient du mal à adopter de nouvelles technologies ou de nouveaux systèmes même si cela devait leur simplifier les tâches.
Quels moyens mettez-vous en oeuvre pour être toujours informé de ces évolutions ?
D'abord notre curiosité et notre envie de voir autre chose.
Ensuite, Internet est un fabuleux outil de recherche et d'information surtout lorsque l'on se trouve en province et que l'on doit aller chercher les renseignements.
Egalement, le partenariat en direct avec des industriels qui sont sensibles à nos démarches et friands de sociétés innovantes qui n'hésitent pas à former du personnel sur des techniques de pointe.
Et enfin, la formation et l'information du personnel possible dans notre entreprise grâce à une certaine stabilité et pérennité de nos salariés souvent formés en apprentissage chez nous.
Sur quelle évolution technologique êtes-vous d'ores et déjà opérationnel ?
Sur un plan technique, nous sommes opérationnels sur les nouveaux matériaux, les bétons spéciaux, l'isolation, le matériel moins polluant et la formation du personnel.
Sur un plan commercial, nous maîtrisons d'Internet, les logiciels spécifiques et nous développons le recrutement et la formation de personnel
Concernant la formation, il est un point assez négatif de notre profession. En effet, nous cotisons chaque année et si nous n'avons pas utilisé cette somme pendant la période, elle est perdue et non reconduite, ce qui fait que nous devons éviter certaines formations que nous souhaiterions envisager mais qui dépassent le budget de cotisation. Il serait préférable de cumuler pour des périodes de 3 ou 5 ans.