Le Monde du BTP

" La formation d'Assistant Chef de Chantier répond à la fois à une demande des entreprises et des salariés ",
Frédéric Loubière, directeur de l'Institut de formation du bâtiment et des travaux publics Rhône-Alpes

Depuis 20 ans, l'Institut de formation du bâtiment et des travaux publics dispense et co-construit des formations adaptées aux besoins des entreprises de la région Rhône-Alpes. Rencontre avec son directeur, Frédéric Loubière.

Comment s'est déroulée la création de l'IFBTP Rhône-Alpes ?

Créé en 1988, l'IFBTP Rhône-Alpes est un organisme de formation loi 1901. Il est géré par les différentes fédérations régionales et départementales du Bâtiment et des Travaux Publics. L'Institut a été créé pour répondre aux besoins non couverts de la profession, en termes de formation. Il y a 20 ans, c'était essentiellement pour répondre aux besoins du domaine des travaux publics, un secteur moins structuré que le bâtiment. Aujourd'hui, l'éventail des formations est plus large.

Quelles formations propose l'IFBTP ?

L'institut propose des formations à l'encadrement et à la maîtrise de chantier, dont assistant chef de chantier et technicien supérieur de l'industrie routière, ainsi que des formations pour les ouvriers et compagnons des travaux publics : ouvrier polyvalent travaux publics, canalisateur, compagnon routier... Nous dispensons aussi des formations à la conduite d'engins des travaux publics (CACES, ouvrier polyvalent conducteur d'engins...). Enfin, nous proposons des formations tertiaires spécifiques telles qu'assistante BTP ou tuteur professionnel.

Leur durée varie de 2 jours à 600 heures. Nos formations sont toutes en alternance, grâce aux contrats de professionnalisation. Ce ne sont pas des formations diplômantes, mais qualifiantes.

Depuis les années 90, nous avons constaté une évolution des besoins des entreprises, et donc des formations. Par exemple, les formations en conduite d'engins dans les travaux publics étaient plébiscitées il y a 20 ans. Elles le sont beaucoup moins en 2008, même si elles restent d'actualité.

Comment s'organise la création de nouvelles formations ?

Nous travaillons en collaboration avec les entreprises. A partir d'une demande, nous co-construisons une formation, selon le poste et les compétences demandées, en respectant un cahier des charges précis.
L'exemple le plus récent concerne une demande de formation d'assistant chef d'équipe, mise en place à la rentrée. Sur le même modèle, nous avons créé en 2007 une formation d'assistant administratif, pour tout ce qui concerne la gestion administrative de chantier.

Quelles sont les formations les plus demandées ?

La formation d'assistant chef de chantier, tant dans les travaux publics que dans le bâtiment, est très demandée et répond à la fois à une demande des entreprises mais aussi des salariés. Soixante personnes vont suivre cette formation à partir du mois de septembre.

Côté nouveauté, depuis le début de l'année civile, nous proposons aux chefs d'entreprises du bâtiment et à leurs salariés une formation " FEEbat ", qui concerne la rénovation des bâtiments dans le cadre de réalisation d'économie d'énergie. Trente personnes ont été formées jusqu'à présent en Rhône-Alpes et le nombre va, sans doute, grimper dans les prochaines années ; la formation étant une réponse aux enjeux environnementaux actuels.

Enfin, il y a une forte demande de formations liées à la sécurité des réseaux de gaz et d'électricité.

A qui s'adressent vos formations ?

Les formations s'adressent à tous. La majorité des stagiaires ont déjà une formation dans le domaine du BTP ; ils viennent acquérir une spécialité ou un complément de formation. Une petite partie est constituée par des stagiaires qui viennent d'autres secteurs, y compris des demandeurs d'emplois. Le nombre de personnes qui viennent se former est stable depuis une dizaine d'années.

Quels types d'entreprises sont les plus demandeuses en termes de formation ?

Toutes les d'entreprises. Autant les grands groupes nationaux et régionaux, que les PME et les petites entreprises locales.

La formation continue est-elle une des clefs pour limiter la pénurie dans le secteur du BTP ?

C'est un moyen parmi d'autres. L'avantage de la formation professionnelle, c'est sa souplesse et sa réactivité qui permettent d'intégrer sur le marché du travail des personnes qui n'ont pas pu se former au BTP avant. La formation continue permet de toucher un public " bloqué " par le système scolaire.

L'e-learning est-il possible dans le domaine du BTP ?

Oui, mais il ne s'adresse pas à tous les salariés. Ce moyen peut être utilisé à partir des chefs de chantier confirmés qui souhaitent acquérir des compétences transversales, notamment en gestion et en communication, afin d'évoluer.

Un conseil aux employeurs quant à la formation professionnelle ?

L'entreprise a un véritable rôle à jouer dans la formation des salariés et elle doit en prendre en conscience. Mettre en place un système de tutorat, notamment pour les " entrants " dans la profession, c'est bien, mais il faut s'en donner les moyens, par exemple en dégageant du temps libre aux tuteurs pour qu'ils puissent réellement mener leur mission d'intégration et de fidélisation.