Le Monde du BTP
" 1 800 créations d'emplois chaque année "
Focus sur le département des Bouches du Rhône avec Philippe Meiffren, directeur de la Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics.
Emploi, formation, recrutement, projets... Philippe Meiffren, directeur de la Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics (FBTP) des Bouches-du-Rhône, fait le point sur les problématiques propres au département.
Pouvez-vous nous présenter la FBTP ?
Nous sommes un organisme professionnel qui a 128 ans cette année. Nous regroupons les entreprises de BTP de toutes les spécialités du département des Bouches-du-Rhône, soit 750 sociétés de toutes tailles. 14 collaborateurs sont répartis sur l'ensemble du territoire, afin d'apporter services et conseils à nos adhérents. Ils peuvent porter sur des questions juridiques, sociales, techniques, etc. Nous avons par ailleurs une mission de représentation, puisque nous faisons du lobbying auprès des pouvoirs publics et des collectivités.
Comment évolue l'emploi BTP dans le département ?
C'est très simple : début 2000, on dénombrait 29 500 salariés dans la profession. Aujourd'hui, il y en a plus de 43 000 ! Ce qui représente 1 800 créations d'emplois chaque année, auxquelles il faut ajouter 4 000 embauches pour remplacer les départs à la retraite, soit, au total, entre 5 000 et 6 000 recrutements par an. A l'heure actuelle, les métiers de la maçonnerie sont les plus en tension. Viennent ensuite ceux de l'électricité et de la métallerie. Nous avons aussi beaucoup de mal à trouver des charpentiers et des professionnels de l'étanchéité.
Pourtant, les Bouches-du-Rhône bénéficient de projets importants : Marseille-Euromed, le secteur Foss-Istres, ITER (projet de réacteur expérimental thermonucléaire international en construction à Cadarache), et l'ouest de l'Etang de Berre. Avec 3 800 jeunes diplômés chaque année, il nous faut donc attirer davantage de candidats.
Comment vous y prenez-vous ?
Nous avons d'abord beaucoup travaillé pour améliorer l'image des métiers du BTP. A cet égard, de nombreux accords ont été conclus avec les syndicats pour apporter des modifications aux conventions collectives. Aujourd'hui, les salaires sont plus élevés, et la pénibilité du travail est grandement réduite, notamment grâce à l'automatisation de nombreuses tâches.
Nous avons par ailleurs signé une convention avec le Conseil général en novembre 2007, pour favoriser l'insertion des Rmistes. Une bourse de l'emploi leur est dédiée afin qu'un millier d'entre eux accèdent à l'emploi en 3 ans.
Enfin, nous avons mis l'accent sur le recrutement par simulation. Depuis 4 ans, la plateforme de Bougainville, à Marseille, permet de détecter d'éventuelles aptitudes chez les chercheurs d'emploi. C'est un excellent outil, utilisé pour tous les métiers du secteur.
Mettez-vous l'accent sur la communication aussi ?
Oui, c'est très important. Nous participons à différentes opérations, telles que Les Coulisses du BTP, Le Prix de l'Apprentissage, ou Un Jeune, Un Jour, Une Entreprise. Nous avons également créé un stand de 450m2 pour le salon Métierama. Il permet aux visiteurs de voir un apprenti en plein travail, en train de monter un mur par exemple.
Nous nous tournons aussi vers les femmes et avons pour objectif d'en embaucher 50 par an. Elles font partie de la réponse à nos problèmes de recrutement, et ont autant de capacités que les hommes à exercer les métiers du BTP. Pour preuve, la plus grosse pelle mécanique du département est aujourd'hui conduite par une femme !
Enfin, depuis deux ans, nous proposons aux jeunes bacheliers de découvrir l'un de nos métiers par le biais d'un job d'été rémunéré. Ils peuvent ainsi tester leurs aptitudes de peintre, maçon, ou électricien, et ainsi juger par eux-mêmes des avantages et des inconvénients de ces professions.
Et du côté de la formation ?
En septembre 2009, nous inaugurons un quatrième CFA dédié aux métiers du BTP. Situé dans le secteur d'Arles, il aura une capacité d'accueil de 600 jeunes et concernera notamment les métiers du second-oeuvre, et ceux du développement durable, qui sont les métiers de demain. Nous travaillons aussi beaucoup avec différents établissements du département, pour le suivi et l'encadrement des jeunes en entreprise, ainsi que l'Afpa.
Beaucoup de jeunes estiment que les salaires sont encore trop bas. Qu'en pensez-vous ?
C'est vrai, on commence souvent au Smic, mais on évolue vite. Car l'ascenseur social fonctionne à plein régime dans le BTP. On peut commencer tout en bas de l'échelle et finir chef d'entreprise. On dénombre aujourd'hui 9 000 entreprises et 45 000 salariés dans les Bouches-du-Rhône...
Il y a de réelles potentialités ! Je pense qu'il faut simplement passer l'appréhension de l'adaptation au chantier et au travail en équipe. Tous les gens qui réussissent ne quittent plus le milieu et éprouvent une véritable fierté du travail accompli. 80 % des entreprises ont moins de 10 salariés, les liens qui s'y créent sont souvent très forts. Enfin, la diversité des métiers est incroyable, un chantier est toujours expérimental car aucun n'est pareil à un autre...
Bref, les métiers du BTP sont parmi les plus beaux du monde !