Paroles de recruteurs
" Nos clients mettent davantage l'accent sur les compétences humaines "
Sur un volume global de 600 000 équivalents temps plein, un intérimaire sur cinq est délégué dans une entreprise du BTP. Le point sur un marché en pleine évolution, avec Didier Fourquin, responsable national du réseau BTP Adecco.
Quelles sont les branches du secteur les plus demandeuses d'intérimaires ?
Celles qui sont tournées vers le bâtiment, le gros oeuvre, mais aussi de petites niches comme la déconstruction, avec notamment le recyclage des déchets, qui s'avère de plus en plus porteur. Tout ce qui concerne la rénovation et la finition est aussi très en demande. En revanche, les travaux publics et le génie civil le sont un peu moins actuellement.
Quelles évolutions majeures constatez-vous ?
Je dirais avant tout que le regard sur ces métiers change. En clair, les clichés s'estompent peu à peu. D'une part les matériaux et les pratiques évoluent et visent à réduire la pénibilité de certaines tâches de manutention, d'autre part les entreprises font des efforts pour changer leur image. Les salaires ont aussi tendance à augmenter, ils sont d'ailleurs plus élevés que dans le secteur de l'industrie, notamment lorsqu'on prend en compte le défraiement des déplacements et des repas. Différents indicateurs confirment cette tendance, comme par exemple les diverses actions de féminisation des chantiers, qui proposent aux femmes de véritables opportunités de carrière.
Les exigences de vos clients ont-elles changé ces dernières années ?
Oui, tout à fait. Bien entendu, les compétences du futur collaborateur demeurent incontournables, mais nos clients mettent davantage l'accent sur les compétences humaines. Des qualités comme la rigueur, l'assiduité, ou encore l'esprit d'équipe, sont aujourd'hui essentielles à leurs yeux. Ils recherchent une cohésion entre les valeurs de l'entreprise et celles des candidats, estimant que des compétences supplémentaires peuvent toujours s'apprendre.
A votre avis, pour quelles raisons le secteur a-t-il du mal à fidéliser les jeunes ?
De nombreux jeunes sont formés aux métiers du BTP chaque année. Problème, lors de l'apprentissage les abandons sont nombreux. Cela est dû d'une part à des erreurs d'orientation, notamment parce que les filières qui mènent aux métiers du BTP sont encore souvent considérées comme une solution pour les élèves en échec scolaire.
Second point, c'est au niveau de l'encadrement de l'apprenti que les efforts doivent être concentrés. Si on veut qu'il continue dans cette voie professionnelle, il faut lui en donner l'envie ! Aujourd'hui, tout le monde est sensibilisé à cette problématique. Adecco organise notamment, en Ile-de-France et depuis septembre 2007, un système de tutorat en entreprise avec des personnes retraitées. Une opération qui promet de prendre beaucoup d'ampleur dans les années à venir, étant donné le nombre de personnes qui prendront leur retraite.
Adecco s'investit par ailleurs dans la formation professionnelle. Pouvez-vous en dire un mot ?
Nous mettons en place avec nos partenaires des contrats de professionnalisation afin de permettre aux professionnels du secteur d'évoluer vers des postes d'encadrement. L'opération a débuté en 2006 en région Paca. En 2007, nous avons formé 56 personnes dans quatre régions différentes. Cette année, six régions et 80 personnes sont concernées par une offre de formation réalisée en collaboration avec les Compagnons du devoir. Notre objectif est de poursuivre cette progression, et de couvrir l'ensemble du territoire in fine.
Le Groupe Adecco est un acteur international majeur des services en ressources humaines. Son réseau compte plus de 7 000 agences réparties dans 70 pays et territoires dans le monde. Sur ses 1 000 agences françaises, 150 sont spécialisées dans le BTP.