Paroles de Recruteur

" Nous ne recherchons que des femmes et uniquement des femmes "

" Nous ne recherchons que des femmes et uniquement des femmes ",
Jacques Laffont, Plateforme des Métiers du Bâtiment de la Maison des entreprises du Val-de-Seine

Depuis début mai, la Plateforme des Métiers du Bâtiment de la Maison des entreprises du Val-de-Seine mène une opération de recrutement et cherche des coffreurs-bancheurs, ou plus exactement, des coffreuses-brancheuses. L'opération vise à former et recruter une trentaine de femmes dans l'un des métiers les plus en tension du BTP. Jacques Laffont, coordinateur de projet nous présente le déroulement de l'opération.

Qu'est ce que la Plateforme des Métiers du Bâtiment ?

La plateforme est rattachée à la Maison des entreprises et de l'emploi du Val-de-Seine. Ouverte en juin 2007, c'est un dispositif de la loi Borloo 2005 qui vise à fournir un guichet unique aux demandeurs d'emploi et Rmistes. Les maisons de l'entreprise et de l'emploi regroupent ainsi, en un seul lieu, l'Etat, l'ANPE, ainsi que plusieurs collectivités locales en faveur de l'emploi.
Il existe six " Maisons des entreprises " dans les Hauts-de-Seine, chacune ayant sa spécialité, en l'occurrence ici, le BTP.

Vous menez depuis mai une opération de recrutement pour des coffreuses-bancheuses ?

Exactement. Nous ne recherchons que des femmes et uniquement des femmes, de 18 à 35 ans pour un emploi de gros oeuvre directement sur les chantiers. Il s'agit de monter des murs, des escaliers en béton, de créer véritablement la structure du bâtiment. Cette opération a été lancée à l'initiative de deux entreprises, implantées sur la ZAC Rive-de-Seine, qui ne recherchent que des coffreuses-bancheuses. L'objectif global est de recruter, à terme, une trentaine de professionnelles.

Une fois les candidatures reçues, les candidates passent un entretien avec un responsable des ressources humaines de l'entreprise. Les personnes retenues devraient suivre une formation d'une dizaine de mois, dès septembre. La formation doit être dispensée par la Plateforme des Métiers du Bâtiment. Nous prévoyons actuellement la mise en place d'un centre de formation.

Pourquoi recruter spécifiquement des femmes ?

Les entreprises souhaitent enrichir leurs chantiers de qualités différentes en intégrant des femmes. Si le rendement est moins important qu'avec des hommes, on trouve chez les femmes d'autres atouts : assiduité, meilleure prise en compte des consignes de sécurité ou encore ponctualité. Les jeunes hommes de 18-25 ans n'ont pas encore toutes ces qualités, ils sont bien souvent " tête en l'air ".

Nous avons opté pour une campagne de communication externe, qui a commencé début mai dans la presse, dans certains journaux gratuits notamment. Elle devrait se prolonger encore quelque temps. Nous avons déjà eu plusieurs retours : 22 femmes nous ont répondu et 14 se sont effectivement présentées aux journées d'information organisées. Durant trois demi-journées, elles ont été sensibilisées au métier par des vidéos, des documents, ainsi que des visites sur les chantiers pour celles qui le souhaitaient. Beaucoup connaissent déjà le métier ; elles savent comment travailler sur un chantier. D'autres viennent de secteurs différents, la restauration ou le travail sur des chaînes de montage, par exemple, mais sont prêtes à se former.

Est-il difficile de recruter des coffreuses-bancheuses ?

Tout à fait. De tous les métiers du bâtiment c'est l'un des plus en tension, gros oeuvre et second oeuvre confondus. Ce métier souffre d'une image passéiste. Une fonction difficile, exposée aux intempéries, qui n'intéresse pas les jeunes ; ceux-ci s'en détournent pour des métiers qu'ils pensent, à tort, plus lucratifs. Mais aujourd'hui, il existe de nombreux outils qui facilitent le travail et le rendent accessible à tous.

Comment améliorer l'emploi des femmes dans le BTP ?

Aujourd'hui, dans le gros oeuvre, les femmes sont minoritaires. Dans la partie " maîtrise " -compagnon, chef d'équipe ou chef de chantier- elles représentent à peine 1 % des effectifs ! Ce sont des opérations comme celle-là qui vont permettre de faire décoller ce chiffre proche de zéro.

Dans la partie " conduite de travaux ", les femmes sont plus nombreuses, entre 10 et 15 % des effectifs, selon les entreprises.

Une proportion en augmentation depuis plusieurs années.