Paroles de Recruteur
" Notre objectif de recrutement pour 2008 : 5000 personnes en France "
Avec 50 000 collaborateurs répartis dans 60 pays, Bouygues Construction a réalisé un chiffre d'affaires de 8,3 milliards d'euros en 2007. " Plus qu'un stade, des prouesses à accomplir ensemble ", " Plus qu'un chantier, des talents à révéler "... A travers les slogans de sa grande campagne de recrutement, l'entreprise souhaite mettre en avant sa dimension humaine plutôt que ses réalisations.
Entretien avec Vincent Nicot, directeur en charge du recrutement et des relations écoles.
Quel est le bilan pour votre recrutement en 2007 ?
L'année dernière, nous avons recruté près de 5000 personnes en France, et nous nous sommes fixé le même objectif pour 2008. 1700 étaient ingénieurs ou cadres, 1300 techniciens ou agents de maîtrise et enfin la majorité, soit 2000 personnes, compagnons (ouvriers). Nous recrutons dans tous les domaines, même si, bien sûr, les travaux et les chantiers restent notre coeur de métier. Cependant, nous voulons renforcer les équipes au sein de nos bureaux d'études ainsi que les métiers liés à l'ingénierie financière.
Comment palliez-vous la pénurie ?
Nous intervenons en amont au sein des écoles pour informer les jeunes sur nos métiers. Il faut améliorer la pédagogie et battre en brèche l'idée reçue selon laquelle on travaille dans le BTP quand on est un mauvais élève. Nous pouvons être un secteur attractif, c'est pour cela que nous travaillons à améliorer notre image de marque. La Fédération Française du Bâtiment et la Fédération Nationale des Travaux Publics mettent également en place beaucoup d'actions de leurs côtés.
Nous participons à une cinquantaine de forums par an, finançons des chaires comme HEI à Lille, nouons des partenariats avec de nombreuses écoles.
Les visites de chantiers que nous organisons remportent également beaucoup de succès. Nous multiplions donc les évènements et notre opération phare en la matière est le Défi Bouygues Construction qui a lieu une fois par an. Opération de séduction et de prérecrutement, il existe depuis 11 ans. Pendant deux jours, dix équipes françaises et étrangères, de 6 étudiants d'écoles d'ingénieurs et de management, travaillent sur le cas concret d'un de nos chantiers. A la clé pour les gagnants, la possibilité d'intégrer le groupe. Depuis les débuts du défi, nous avons recruté 50 à 60 % des participants.
Vos méthodes de recrutement ont-elles évolué ?
Nous voulons vraiment diversifier nos sources de recrutement. Si pour les cadres, les écoles d'ingénieurs qui forment au BTP, comme Centrale ou l'ESTP, ont toujours la cote, nous nous ouvrons de plus en plus à l'université, pour ses formations en génie civil, par exemple. Nous touchons les jeunes diplômés grâce à nos relations avec les écoles, et les profils plus expérimentés au travers des jobboards. Sans oublier la cooptation qui est une source de recrutement très développée pour les ouvriers. L'intérim représente quant à lui 20 à 30 % des effectifs. Une mission peut nous permettre de détecter un bon élément en vue d'une embauche mais il reste lié en premier lieu à un surcroît d'activité.
Chaque année, de l'ouvrier au cadre, l'alternance concerne 400 à 600 personnes. Bouygues Construction est d'ailleurs à l'origine de la création d'un CFA à Chilly-Mazarin que nous gérons du CAP au BTS. La plupart des élèves intègrent ensuite le groupe.
Quels autres moyens mettez-vous en oeuvre pour toucher le maximum de candidats ?
Nous essayons de communiquer sur les métiers insoupçonnés du BTP comme l'ingénierie financière, par exemple. Le financement de projets est une activité à laquelle les candidats ne pensent pas dans le BTP. Nous intervenons également à Dauphine ou dans des Masters de Banque et Finance, ce que nous ne faisions pas il y a encore une dizaine d'années. Nous avons également une forte Direction de l'Audit, ce que les gens n'imaginent pas forcément.
Et depuis 2006, nous avons créé Jobsearch, sorte de cabinet de recrutement en interne, où cinq personnes sont dédiées à la recherche d'ingénieurs et de cadres confirmés. 20 000 candidatures des CVthèques sont passées au crible et 200 ingénieurs sont recrutés chaque année par ce processus.
La formation et la promotion interne vous permettent-elles de fidéliser vos salariés ?
Notre turn-over plafonne à 4 %. Aujourd'hui les gens changent d'entreprise plusieurs fois dans leur vie, ils peuvent acquérir la même expérience en restant au sein du groupe Bouygues. Le BTP reste un des rares secteurs où il est encore possible d'évoluer même pour les candidats peu qualifiés. D'ouvrier à responsable des travaux ou de technicien à responsable de bureau d'études, nous encourageons fortement la promotion sociale. Le système de médailles d'ancienneté existe toujours chez nous, certains de nos compagnons sont là depuis 30 ou 40 ans !
Quant à la formation, nous en assumons le processus en interne. 4 à 6 % de la masse salariale sont consacrés à cet effet. Nous avons ainsi un Campus Commerce ou RH, par exemple. Les formations durent de 5 à 6 semaines et s'étalent sur plusieurs mois. Des consultants extérieurs peuvent cependant intervenir lors des sessions.
Menez-vous une politique de recrutement volontariste à l'égard des femmes ?
Entre 4 et 5 % de femmes travaillent sur les chantiers de Bouygues Construction. Nous menons des opérations pour féminiser nos métiers, y compris sur les chantiers où il est vrai qu'elles sont plus présentes sur les métiers de finition que sur le gros oeuvre. Notre filiale lyonnaise, GFC Construction, a ainsi intégré une quinzaine de femmes compagnons. Le terrain doit être bien préparé mais les mentalités évoluent. S'il est encore plus difficile de trouver des candidates au niveau ouvrier qu'au niveau cadre, il ne faut pas oublier qu'il n'y a que 17 % de femmes en écoles d'ingénieurs.
Le gouvernement a annoncé un dispositif visant à recruter en priorité 10 000 jeunes issus des quartiers fragiles...
Beaucoup de jeunes sur nos chantiers viennent déjà de ces quartiers dits sensibles. L'année dernière, j'ai d'ailleurs participé au Tour de France de la Diversité avec Azouz Begag, alors ministre délégué à la Promotion de l'Egalité des Chances. Des forums étaient organisés dans de nombreuses villes. Et puis, nous venons de signer une convention de partenariat et de mécénat avec L'EPIDe (Etablissement Public d'Insertion de la Défense). Nous nous engageons à accueillir des jeunes en difficulté, quelles que soient leurs qualifications, en leur proposant des stages et des formations dans notre CFA de Chilly-Mazarin.