Paroles de recruteur

Guy Giraud-Morel, directeur des ressources humaines chez Bergerat-Monnoyeur, dresse le portrait d'une entreprise qui fidélise et individualise le parcours de ses employés.

Pouvez-vous décrire vos principales problématiques de recrutement ?

Depuis plusieurs années, nous sommes en sous-effectif constant. Nous embauchons, mais l'activité croît plus vite, de 5 à 8% chaque année. Nous sommes donc en recrutement permanent. Fin 2007 - début 2008, nous devons recruter 250 personnes, des techniciens en majorité, alors que nous avons déjà embauché 200 personnes - dont 130 techniciens - depuis le début 2007.

Notre enjeu numéro 1, c'est le personnel technique de terrain, pour lequel nous avons besoin de compétences en quantité. Nos prestations SAV sont au coeur de notre savoir-faire : les clients viennent chez nous parce qu'ils savent qu'ils ont à faire à des gens qualifiés.

Mais, malgré la bonne attractivité du groupe Monnoyeur, nous souffrons tout de même de la dévalorisation du travail manuel et de la pénurie de main-d'oeuvre pour recruter. De moins en moins de jeunes s'inscrivent dans les filières mécaniques, ils préfèrent conduire des engins plutôt que les réparer !

Second point, le manque de mobilité des professionnels. Je dirais que globalement les français bougent moins qu'avant, or notre réseau comprend des ateliers à l'étranger dont certains sont en forte croissance, comme en Algérie. Nos employés ne s'y précipitent malheureusement pas...

Quels outils de recrutement s'avèrent les plus efficaces ?

Le réseautage. C'est par ce biais que se fait le gros de notre recrutement. Nous testons actuellement la cooptation, puisque nos meilleurs avocats sont nos employés. Une prime est versée à ceux qui nous permettent de réaliser des embauches. Je dirais que nous travaillons sur du long terme, car c'est une image que nous diffusons. Nous sommes aussi très présents sur les salons et Internet.
Notre investissement direct n'est pas énorme : 100 000 euros par an environ, les plus gros montants concernant les cabinets de chasse de têtes.

Comment procédez-vous pour séduire les jeunes ?

Nous entretenons des relations avec de nombreuses écoles, c'est une vieille tradition chez Monnoyeur. Nous avons mis en place des partenariats privilégiés avec des lycées, et nous sommes présents à leurs journées portes ouvertes pour diffuser une image positive de la profession. Nous accueillons, par ailleurs, de nombreux apprentis et stagiaires, et nous recevons aussi des professeurs. Etre concessionnaire de Caterpillar nous aide à attirer les jeunes des filières techniques car cette marque possède une image forte et haut de gamme auprès de ce public.

Quelle est votre politique d'intégration ?

Les nouveaux arrivants sont pris en charge par les anciens, dans le cadre de ce qu'on pourrait appeler un tutorat. Ils les sensibilisent aux questions techniques et de sécurité, mais aussi à la culture de l'entreprise, qui est plutôt familiale. Après les six premiers mois, ils passent trois jours au siège, où on leur " met en pièces " l'ensemble de la société. Ils y rencontrent plusieurs membres de la direction qui leur expliquent leurs fonctions. Ils sont enfin invités à visiter plusieurs centres Bergerat-Monnoyeur, de façon à bien connaître la gamme Caterpillar.

Quelle est votre politique de promotion interne ?

Chez nous, la promotion interne est une volonté et une tradition d'entreprise Nous avons 300 promotions par an, sur 1 800 employés. Pour vous donner un exemple, l'un de nos directeurs actuels de la région Est, est entré chez Monnoyeur comme mécano, il est ensuite devenu dépanneur, puis inspecteur après-vente, pour enfin évoluer vers des responsabilités marketing avant de devenir directeur !

La mobilité est, à nos yeux, un élément clé pour tous nos employés, c'est pourquoi notre politique en la matière est volontariste et transparente. J'ajouterais que pour évoluer, il ne faut pas avoir peur de la mobilité géographique.

Quel est le budget consacré au volet formation ?

Nous dépensons en formation pour plus de 5% de la masse salariale, principalement pour former le personnel technique. Les gammes de matériels évoluent sans cesse, ainsi que les nouvelles technologies ; il faut adapter les compétences. Nous disposons ainsi d'un excellent centre de formation technique. Les postes disponibles sont régulièrement affichés et les entretiens individuels annuels nous permettent, entre autres, de faire le point sur les souhaits de chacun et de recueillir les besoins en formation.
Depuis quelques années, nous avons mis en place un système d'autoformation. Des modules d'enseignement accessibles sur ordinateur sont mis à disposition des régions. Les employés peuvent ainsi se former seuls, nous leur faisons ensuite passer des tests afin de valider leurs apprentissages.
D'autre part, nous avons mis sur pied une grande opération avec les dépanneurs : après les avoir tous évalués, nous avons élaboré des plans individuels de formation.

Comment fidélisez-vous votre personnel ?

Avec 60 démissions par an, notre turnover est très faible. La relation entreprise/salariés repose sur la confiance, beaucoup d'autonomie dans le travail, un environnement de qualité et des matériels passionnants. Je fais systématiquement analyser toute démission et il s'avère qu'elles sont liées à des raisons personnelles la plupart du temps, non à une question de salaire.
D'autre part, nous individualisons au maximum. Nos managers encadrent des petites équipes de 10 personnes et participent à des stages de management. Ils apprennent à mener des entretiens, gérer les conflits, etc. Bien entendu, nous ne négligeons pas les aspects festifs, comme les remises de médailles d'ancienneté !

A propos de Bergerat-Monnoyeur

Bergerat-Monnoyeur est le pôle construction du groupe Monnoyeur. Concessionnaire de la marque Caterpillar depuis 1929, la société loue et vend des matériels de travaux publics. Sa principale spécificité réside dans un large réseau intégré de SAV, constitué de 46 ateliers implantés dans toute la France, et représentant une force de 1 360 dépanneurs. Le groupe Monnoyeur est entièrement familial, le président actuel est le petit-fils du fondateur.